Semaine 18

  • Emor
Editorial
Quand les lumières se suivent…

La semaine a commencé par la traditionnelle conclusion du cycle annuel d’étude du Michné Torah, l’œuvre de Maïmonide. La joie de l’étude est sans pareille et la grande lumière projetée alors par Maïmonide nous accompagne toujours. Pourrait-on vivre pleinement sans cette sagesse ? Et exista-t-il un temps qui en eut davantage besoin que notre époque aux valeurs incertaines ?
Mais une lumière doit sans doute en introduire une autre car voici venir des enfants qui chantent et rient, des défilés et des parades, des chars décorés et des familles heureuses, des sorties dans les bois, des pique-niques et des jeux pour tous. Voici, flottant au-dessus de tout cela, la grande figure de Rabbi Chimon Bar Yo’haï : c’est bien de Lag Baomer qu’il s’agit. Il tombe cette année le dimanche 2 mai.
Lag Baomer, 33ème jour de l’Omer, jour anniversaire du départ de ce monde, ou plutôt de l’élévation, de Rabbi Chimon, ce Sage immense qui révéla au monde, par le Zohar, le sens profond de la Torah. Il est celui dont il est dit que « l’on peut compter sur lui en temps de difficulté ». Il est aussi celui qui enseigna que le jour de son décès devait être célébré comme un jour de fête car il fut celui de son union avec D.ieu. Il n’est guère étonnant, de ce fait, que, d’année en année, le jour de Lag Baomer soit celui de l’allégresse dans toutes les communautés juives du monde.
La lumière du début de la semaine nous éclaire et celle, à venir, de Lag Baomer nous attend. C’est là un jour – d’une puissance indépassable – qu’il faut savoir vivre de manière encore plus pleine et plus intense. Dans de nombreuses communautés, on allumera, en ce jour, des bougies, comme pour souligner que c’est de lumière qu’il est ici question. C’est bien là qu’est l’enjeu. Nous vivons en une période où l’obscurité peut sembler grandir, remettre en cause une sérénité ancienne. Faisant encore grandir la lumière, ce jour-là repousse les ombres. Prélude du temps où cette lumière éclairera l’univers entier en chassant toutes les formes de la nuit, celui de Machia’h, Lag Baomer nous le donne à vivre dès aujourd’hui.
Etincelles de Machiah
Lag Baomer et l’amour du prochain

Rabbi Chimon Bar Yo’haï déclara que ses qualités «viennent de celle de Rabbi Akiva», son maître. Il est donc clair que, puisque ce dernier mit l’accent sur l’amour du prochain, Rabbi Chimon en fut également imprégné.
Cette idée est soulignée de manière encore plus éclatante quand des enfants se rassemblent à l’occasion de Lag Baomer, la fête de Rabbi Chimon, et manifestent ainsi leur amour et leur unité. Cela amène l’unité et la paix dans le monde entier, parmi toutes les nations jusqu’à la paix complète et absolue que Machia’h apportera, lorsque tous les peuples se rendront «à la Maison de D.ieu, à Jérusalem» et y proclameront «qu’il est bon et agréable que des frères demeurent ensemble».
(d’après des enseignements du Rabbi de Loubavitch,Lag Baomer 5747, 5750) H.N.
Vivre avec la Paracha
Emor

“D.ieu dit à Moché : Parle aux prêtres, les fils d’Aharon, et tu leur parleras ainsi : «’Qu’aucun prêtre ne devienne rituellement impur par le contact avec un mort…’”

Pourquoi le verset répète-t-il le mot “parle” ?
“La Torah utilise cette répétition pour attirer l’attention des adultes concernant leurs enfants”, nous explique Rachi sur ce verset.
Le premier “parle” s’adresse à Moché et le second emploi : “et tu leur parleras ainsi” est une instruction donnée aux prêtres pour qu’ils éduquent leur jeunesse. (En termes grammaticaux hébraïques, le verbe appartient au groupe “les fils d’Aharon” et non à “leur”.)
Il s’agit ici de la première référence biblique à l’obligation faite aux parents d’éduquer leur descendance. Mais pourquoi ici, pourquoi maintenant ? Le Mont Sinaï n’aurait-il pas été une occasion plus propice pour donner ce commandement ? L’ambiance s’y prêtait, l’atmosphère était adéquate. Comme le relate le Midrach, avant que D.ieu n’accepte de nous donner la Torah, Il avait réclamé des garants pour son observance. Et ce n’est qu’après de nombreuses propositions qu’Il avait accepté, comme garantie, les enfants, ceux qui détiennent l’avenir entre leurs mains.
N’était-ce pas le moment parfait pour attribuer aux parents la tâche de guider ces petites mains ?
Une autre question se pose : ce texte ne semble-t-il pas être quelque peu “hors sujet” ? Après tout, ce passage évoque les prêtres et les lois les concernant, ce qui semblerait impliquer qu’éduquer son enfant est strictement l’œuvre d’un prêtre. Cela ne peut être vrai. La perspective éducative juive ne se veut-elle pas un idéal et une responsabilité universels ?
Il est intéressant d’observer que la réponse à ces deux questions est la même. Eduquer son enfant consiste à développer un processus dont l’amélioration, et non le lancement, constitue le sujet de discussion du verset.
Que les parents soient responsables d’enseigner à leurs enfants la différence entre le bien et le mal, de leur donner les bases de l’éducation, est un fait établi dans le Judaïsme, implanté dans nos gênes par notre ancêtre Avraham, à propos duquel D.ieu témoignait : “Je le chéris parce qu’il ordonne à ses fils et à sa maisonnée de garder la voie de D.ieu et d’accomplir la droiture et la justice.”
Que les parents aient l’obligation d’élever les attentes dans l’éducation, chaque fois que c’est possible, constitue la révolution introduite par notre verset, comme cela est rendu clair par le contexte sacerdotal.
Dans un passage étonnant, Maïmonide écrit : “Non seulement la tribu de Lévi mais chaque être humain qui le désire et décide de se vouer au service de D.ieu se sanctifie au niveau du Saint des Saints… et il mérite de voir combler ses besoins dans ce monde comme les Léviim et les Prêtres.”
Tout un chacun peut devenir un prêtre de D.ieu s’il le désire. Eduquer son enfant inclut créer ce désir.

Le souhait d’anniversaire
Cela nous conduit au point suivant. Les parents impliqués et modernes risquent de désirer s’intéresser à une innovation relativement récente et fondamentale dans le domaine de l’éducation.
Cette contribution extraordinaire au monde éducatif nous a été rendue accessible par le Rabbi Chalom Dov Ber de Loubavitch, qui deviendra plus tard le cinquième Rabbi de Loubavitch. Il n’avait alors que quatre ou cinq ans.
A l’occasion de son anniversaire, le petit Chalom Dov Ber rendit visite à son saint grand-père, Rabbi Mena’hem Mendel, connu comme le Tséma’h Tsédèk. Comme il était de coutume lors de cette audience annuelle, son grand-père le bénit. Mais à la surprise du Rabbi, son jeune petit-fils éclata en sanglots. Il avait récemment étudié les révélations de D.ieu à Avraham après sa circoncision. En pleurs, il demanda à son grand-père : “Pourquoi D.ieu s’est-Il révélé à Avraham et pas à moi ? …”
L’enfant était libre de demander ce qu’il voulait. C’était pour lui l’occasion d’émettre un vœu. Celui d’être honoré par une révélation divine !
Cette requête, et plus encore les larmes qui l’accompagnèrent, nous racontent des volumes sur l’éducation exemplaire qu’il reçut. Qu’un enfant d’un âge si tendre puisse exprimer, non seulement un plaisir, mais une aspiration profonde pour quelque chose d’intangible et de divin, constitue le témoignage de l’éducation d’avant-garde à laquelle avaient souscrit ses parents. Une éducation dans laquelle même un enfant pouvait être conduit à rechercher du sens et de la piété, dans laquelle les sujets spirituels n’étaient pas considérés comme inaccessibles aux enfants.
Rabbi Chmouel et la Rabbanite Rivka, les parents de Chalom Dov Ber, ne considéraient pas leurs enfants comme on l’avait toujours fait auparavant, et comme le font toujours bon nombre de parents, comme de petits êtres égoïstes, capables de ne faire ce qui est bien que pour les mauvaises raisons, et intéressés que par le “ ici et maintenant”.
Ils considéraient les enfants comme des êtres purs, capables d’être altruistes, de faire le bien pour le bien, capables d’aspirer à une relation avec D.ieu et à un véritable service divin.

La sensibilité d’un enfant
Une autre histoire souligne elle aussi la nouveauté révolutionnaire du cheminement emprunté par le jeune Chalom Dov Ber.
Il avait alors quatre ans et il était présent lorsque le tailleur local se rendit chez ses parents pour livrer un vêtement commandé par sa mère. Intrigué par les poches intéressantes du tailleur, le garçon mit sa main dans l’une d’elles et en tira un morceau de tissu qui restait. Le pauvre homme, mort de honte, avança toutes sortes d’excuses pour avoir gardé ce morceau de tissu, mais le mal était fait. Il était humilié.
Après son départ, la Rabbanite prit gentiment son fils et lui expliqua qu’il avait embarrassé l’homme. Mortifié d’avoir atteint la dignité du tailleur, le petit garçon se mit à pleurer.
Les semaines passèrent mais il n’oublia pas la chose.
Il s’approcha un jour de son père et lui demanda :
- Comment se repent-on d’avoir gêné quelqu’un ?
- Que s’est-il passé ? L’interrogea son père.
- Je préfère ne rien dire, répondit l’enfant
Ce soit-là, sa mère lui demanda pourquoi il avait décidé de taire l’histoire à son père.
“Cela ne suffit-il pas que j’aie embarrassé le tailleur une fois ? Faut-il que je recommence ?” répondit-il avec une sensibilité extrême.
C’était un accident. Il n’avait pas fouillé dans la poche du tailleur pour y chercher les restes du tissu. Mais en entendant quelle avait été la gène du tailleur, il avait pleuré. Non parce qu’il avait mal agi mais parce qu’il avait fait du mal à autrui. Un autre juif avait été touché, et donc lui aussi.
Voilà ce qui s’appelle une éducation de prêtre.
Ces histoires demandent que nous élevions la vision que nous possédons de nos enfants et pour nos enfants. Ils peuvent être altruistes et rechercher la spiritualité. Il suffit simplement de les y inciter. Ils sont prêts. Mais le sommes-nous ?
Le Coin de la Halacha
Pourquoi les endeuillés récitent-ils la prière du Kaddich ?

Au cours de la prière (du soir, du matin, de l’après-midi, des jours de semaines, du Chabbat et des fêtes), l’officiant récite plusieurs formes du Kaddich. Les endeuillés – durant les onze mois qui suivent le décès d’un proche – récitent plus particulièrement celui qui est appelé le «Kaddich des endeuillés» qui est aussi récité à chacune des prières du jour anniversaire hébraïque du décès.
S’il n’y a pas de fils qui puisse réciter le Kaddich, on dédommagera un homme – ou plusieurs – afin qu’il récite le Kaddich pour le repos de l’âme du défunt durant l’année.
Le Choul’hane Arou’h (code de lois juives) précise que le Kaddich n’est récité que trente jours pour une épouse, un frère, une sœur ou un enfant – que D.ieu nous en préserve !
Le Kaddich est rédigé en Araméen, qui était la langue parlée par la majorité des Juifs à l’époque talmudique.
La récitation du Kaddich par un proche parent est un grand mérite pour l’âme du défunt et il est réconfortant de savoir que nos actions (et nos prières) dans ce monde physique affectent positivement les âmes de ceux qui se trouvent dans le monde entièrement spirituel. En effet, cette prière évoque la grandeur de D.ieu ; il exprime notre croyance absolue dans le Tout Puissant et Ses capacités illimitées. Cette «réflexion» de la part de l’endeuillé prouve que ceux que le défunt a laissés dans ce monde reconnaissent que tout ce qui arrive est finalement pour le bien puisque tout vient de D.ieu.
Le plus beau souvenir que le défunt laisse ici-bas est une famille prête à se dévouer pour D.ieu et le peuple juif, même dans les moments de peine.
Les mots du Kaddich prononcés par les endeuillés représentent un grand mérite pour l’âme au moment du jugement ; c’est aussi pour cette raison que nombreux sont ceux qui s’engagent à accomplir davantage de Mitsvot en l’honneur du défunt, en particulier en contribuant à des caisses de Tsedaka (charité) afin d’ajouter à la vie.

F. L.
(d’après Yeruchem Eilfort – www.chabad.org)
De Recit de la Semaine
Raté… ou gagné ?

On était en pleine guerre du Liban, il y a environ vingt ans, et le réserviste ‘Haïm Dayan fut convoqué à sa base militaire de Bat Galim, près de ‘Haïfa, le lendemain à 8h 30 précises sinon… ‘Haïm habite à Kfar Chabad et le soleil se lève ce jour-là à 6h 00 du matin et la base se trouve à environ deux heures de route. Cela signifiait qu’il lui faudrait prier tout seul, et rapidement, afin d’arriver à l’heure.
Il retourna le problème dans tous les sens puis décida : «Non ! Ce n’est pas la meilleure manière de commencer la journée, surtout en temps de guerre !» Il prendrait le temps de prier, comme il convient pour un ‘Hassid et D.ieu aiderait !
Le lendemain, il se leva dès l’aube, se rendit à la synagogue, étudia un peu de ‘Hassidout, mit son Talit et ses Téfilines et pria avec plus de concentration que d’habitude pour une journée aussi importante et… termina à 7 heures. Il lui restait une heure et demi pour arriver… si tout allait bien : mais encore devait-il être pris en stop car les bus prendraient au moins deux heures !
Il se posta sur la route principale, leva le doigt, agita les bras, brandit une pancarte avec le nom de sa base et de la ville de ‘Haïfa mais aucune voiture ne s’arrêta. Il était déjà fatigué et surtout inquiet, même pessimiste, mais tentait de se raisonner : «Tout vient de D.ieu ! Je dois rester positif ! Réfléchir positivement peut faire évoluer favorablement la situation ! Pense bien et tout ira bien !»
Effectivement, dès qu’il se mit à «penser bien», une voiture s’arrêta juste devant lui. Tout heureux, il se pencha vers la fenêtre, persuadé que le conducteur allait lui proposer de monter mais… un soldat de l’armée de l’air en descendit, claqua la portière derrière lui tandis que la voiture redémarra en trombe, laissant derrière elle… un nuage de poussière… et un autostoppeur supplémentaire, à l’uniforme bien plus prestigieux que celui de ‘Haïm !
Cinq minutes plus tard, alors qu’il estimait – de façon réaliste – que la situation était bien sombre, un énorme camion rempli de caisses d’oranges s’arrêta : le conducteur baissa sa fenêtre et proposa : «Une place seulement !»
Un camion ? se dit ‘Haïm. Il lui faudrait des heures pour parvenir à Haïfa mais d’un autre côté, cela me rapprocherait et peut-être qu’il y aura une autre occasion plus loin…
Mais ces deux secondes passées à réfléchir étaient de trop. L’«aviateur» en profita pour passer devant lui et, d’un air décidé, monta dans le camion ! Irrité par tant d’insolence, ‘Haïm sentit la colère le gagner et il faillit s’agripper à la portière pour faire descendre l’intrus mais il se raisonna : «Laisse-le passer ! La colère ressemble à l’idolâtrie, c’est bien ce que tu as appris dans le Tanya, ce matin ‘Haïm ! Il a sans doute de bonnes raisons de se dépêcher…» Et le camion s’éloigna, sans ‘Haïm.
Le temps passa…
Soudain, il entendit la sirène d’une ambulance qui arrivait de nulle part. «Aucun intérêt pour moi ! se dit ‘Haïm, une ambulance n’a pas le droit de prendre des autostoppeurs !» Mais le conducteur s’arrêta pile devant lui !
- Hé, soldat ! Tu dois m’aider ! Je transporte un soldat en état de choc, en bien mauvais état ! Il faut que quelqu’un reste à côté de lui et lui parle continuellement pour l’empêcher de s’endormir ! D’accord ?»
- Heu… Où allez-vous ? Moi je dois me rendre à Bat Galim et je suis déjà bien en retard !
- Très bien ! Monte ! Je dois l’amener à l’hôpital à ‘Haïfa et je te déposerai à Bat Galim, c’est sur mon chemin ! Dépêche-toi de monter !
‘Haïm entra par la porte arrière et s’assit à côté du soldat qui gisait sur le dos, les yeux bougeant sans arrêt, la bouche grande ouverte, incapable de parler ou de s’exprimer. L’ambulance démarra en trombe, toutes sirènes hurlantes, se frayant un passage dans les embouteillages les plus inextricables du pays.
Pendant ce temps, ‘Haïm parlait au soldat alité sur la civière. Il parla de la météo (pas de réponse), de sports (il s’y connaissait un peu après tout) mais le soldat ne réagissait pas. De la politique et des derniers scandales (il y en avait tant, à cette époque…) puis, devant l’absence de réaction, ‘Haïm se mit à évoquer ce qui l’intéressait lui : D.ieu, la Torah, les commandements, les fêtes et les différentes façons de les respecter ; le Tanya et sa philosophie si profonde ; le Rabbi de Loubavitch et ses émissaires dispersés aux quatre coins du monde pour répandre le judaïsme. En même temps qu’il parlait, il observait un léger changement chez le soldat qui le regardait maintenant fixement, la bouche ouverte, en proie parfois à de mini-convulsions durant une ou deux secondes mais apparemment intéressé par toutes ses paroles.
L’ambulance fonçait, brûlant les feux rouges, se jouant des embouteillages, toutes sirènes hurlantes. Elle ne ralentit qu’une fois, à cause d’un énorme embouteillage causé par un camion dont toute la cargaison s’était déversée sur la chaussée… des dizaines de caisses d’oranges ! C’était le camion qui s’était arrêté pour le prendre en stop ! ‘Haïm jeta un coup d’œil par la fenêtre et aperçut le soldat de l’armée de l’air qui avait pris sa place et qui se tenait maintenant nerveusement au milieu d’une mer d’oranges… Il lui faudrait attendre des heures avant que quelqu’un dans cette immense queue ne le prenne en stop…
Mais l’ambulance parvint évidemment à se frayer un chemin et à reprendre sa vitesse initiale tandis que ‘Haïm continuait de parler et de parler jusqu’à ce que l’ambulance s’arrête net, dans un crissement de freins assourdissant. Le conducteur se tourna vers ‘Haïm : «Arrivé ! Bat Galim ! Merci mille fois ! Je m’occupe des quelques minutes qui me restent jusqu’à l’hôpital pour le garder réveillé ! Tu as fait un bon boulot !»
En tout et pour tout, il avait effectué le trajet en une demi-heure ! ‘Haïm sauta du véhicule et attrapa le dernier bus qui l’amena à son bataillon à l’heure ! C’était miraculeux ! Il y était parvenu ! Et il put se présenter à l’heure comme si de rien n’était.

* * *

Quelques années plus tard, tandis qu’il marchait dans la rue à Tel-Aviv, un jeune homme ayant toute l’apparence d’un ‘Hassid s’arrêta pile devant lui, le dévisagea et lui tendit la main : «Dis-moi ! N’est-ce pas toi qui m’avais parlé dans l’ambulance quand j’avais eu mon accident ? J’étais en état de choc mais je me souviens très bien de toi !»
Oui, ‘Haïm se souvenait vaguement. Mais le soldat dont il se souvenait n’avait pas l’air particulièrement pratiquant à l’époque… Le jeune homme l’embrassa chaleureusement et se mit à pleurer comme un bébé : «Tu m’as sauvé la vie ! Et je me souviens de tout ce que tu m’as dit ! Tout ! Cela m’a pris du temps mais dès que je me suis remis, j’ai décidé de me renseigner sur tout ce que tu m’avais expliqué dans l’ambulance. Tu sais, le judaïsme, le Rabbi, les fêtes, la Torah, la ‘Hassidout… et maintenant je suis une personne différente ! Tu m’as sauvé la vie, physiquement et spirituellement !
En ne se laissant pas emporter par la colère pour une place dans un camion d’oranges, ‘Haïm avait gagné bien plus que l’arrivée à l’heure. Il avait en plus permis à un autre Juif de mieux comprendre son but dans la vie de ce monde !

Rav Tuvia Bolton
www.ohrtmimim.org/torah
traduit par Feiga Lubecki